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15 noms de lieux-dits et de communes qui nous viennent du provençal

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Adessias en tóutei!!

Dans cet article, je vais vous parler de toponymie, c’est à dire de la science qui étudie les noms de lieux (leur origine, leur évolution, etc.). + précisément, je vais vous détailler 15 noms de lieux-dits dont l’origine est provençale.
Pourquoi faire un article sur ce sujet ? Pour moi, je vois ces noms comme un lien avec les générations passées. Ces noms reflètent la manière dont nos ancêtres se sont appropriés les lieux où ils vivaient, comment ils les voyaient, comment ils organisaient leurs espaces, comment ils se repéraient et nous pouvons profiter aujourd’hui de toute cette richesse patrimoniale et de tout ce savoir rien qu’en prenant un peu le temps d’écouter ce que ces noms nous disent.
Je vous souhaite une bonne lecture et si vous voulez aller + loin dans la toponymie de notre région, je vous ai mis les sources en fin d’article ! 😉

  1. Adret : Au sens propre, en provençal, le mot « adré » signifie « en direction de » (du latin « ad directus »). Puis, comme la locution « adré miejour » (« vers midi ») était souvent employée, le mot lui-même a changé de sens pour désigner un lieu exposé au sud ET recevant le soleil. S’il est exposé au sud mais qu’il ne reçoit pas les rayons du soleil (si une autre hauteur lui fait de l’ombre par exemple), ce n’est pas un « adré ».
    Dérivés : Adrets, Adrech, Adrechs
    Quelques exemples : la ferme des Adrets, les adrechs de Valcros [83], la tête de l’Adrech [04] ou la commune les Adrets de l’Estérel [83]
  2. Aigue : il s’agit du nom « aigo » qui en provençal veut dire simplement « eau » (venant du latin « acqua »). Le mot « Aigue » et ses dérivés font référence directement à des cours d’eau ou à un lieu où il y a beaucoup d’eau de façon permanente ou ponctuelle.
    Dérivés : Aigues, Aiguiers, Ayguade, Aygualade, Ayguette, Eygaux, Eygalières
    Quelques exemples : vallon des Aigues [04], les Aygalades [13], la coste Eyguières [84] ou les communes de : Aiguines [83], Aigues-Mortes [30], Entraigues-sur-Sorgue [84], Eyguières [13]
  3. Bastide : dans le Sud-Ouest, le mot désigne une ville fortifiée mais en Provence, il s’agit tout simplement d’une ferme isolée ou un groupe de fermes constituant un hameau.
    Dérivés : la Bastidasse, la Bâtie, la Bastié
    Quelques exemples : les 3 Bastides [04], la Bastide Blanche [plusieurs départements], la Bastide des cyprès [13] ou les communes de La Bastide [83], la Bastidonne [84], la Bastide-des-Jourdans [84], la Bâtie-Montsaléon [05]
  4. Baume : Dans la langue de Mistral, une « baumo » est une grotte. C’est également, un abri naturel surmonté d’un rocher. On trouve d’ailleurs l’expression « faire baumo » pour dire « se procurer un abri ». C’est un mot très ancien, qui vient probablement d’une racine ligure, et en tout cas pré-indoeuropéenne, balm-.
    Dérivés : Baumes, Baumettes, Beaume, Beaumes
    Quelques exemples : la sainte-Baume [13/83], la Beaume d’Imbert [84] ou les communes de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume [83] et Beaumes-de-Venise [84]
  5. Castel : C’est l’équivalent provençal du mot français « château ». Le mot « castellas » lui désigne plutôt un château en ruines.
    Dérivés : Castellet, Castelar
    Quelques exemples : Castel Roux [83], pointe du Castel Vieil [13] ou les communes de Castellet-en-Luberon [84], Le Castellet [83], Castellane [04], Castellar [06]
  6. Colle : Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est ni un col, ni de la colle! 😉 Il s’agit du mot provençal « colo » qui veut dire « colline » et qui nous vient du latin « colla, collis ».
    Dérivés : Colles, Collet, Coulet, Colette
    Quelques exemples : Colle Saint-Michel [04] Col de Collebasse [83], le pas de la Colle [13], le Collet de Malespine [83], les Coulets [84] ou la commune de La Colle-sur-Loup [06]
  7. Combe : Ce terme a le sens de « vallée encaissée » et vient du latin « cumba » qui a le même sens.
    Dérivés : Combeau, Combettes
    Quelques exemples : La Combe de Magne [83], Combe Bourdelle [04], le mas de la Combe [13], la Combe Gibouse [84]. Le nom de la commune varoise de Comps-sur-Artuby vient du même mot, sous une forme grammaticale différente (latin « cumbis », ablatif pluriel)
  8. Crau : Ce mot, uniquement employé dans la toponymie, désigne un « terrain plat caillouteux » et nous vient du latin « cravem », lui-même issu d’une racine ligure kar/kra qui aurait signifié « pierre ». Il a été suffisamment usuel en provençal pour servir à nommer les lieux-dits dans toute la région. A ne pas confondre avec « grau » et « cros ».
    Dérivé : Craux
    Quelques exemples : les Craux de Boisgelin [13], Crau de Saint-Phalès [84] ou les communes de la Crau [83] et Saint-Martin de Crau [13]
  9. Defens : Ce terme désigne un « pré ou un bois réservé ». Il nous vient du latin « defensus » (« défense ») car, à l’origine, il était défendu aux habitants et aux troupeaux d’aller sur ce terrain, pour éviter de le sur-exploiter. Ce terme nous rappelle donc une organisation collective, traditionnelle permettant de gérer au mieux la ressource.
    Dérivés : Deffens, Défends, Défend, Dévens, Deven, Dévès
    Quelques exemples : le petit Défens [83], le Dévès [04/84], bois du Défends Vieux [13]
  10. Font : Venant du latin « fons, fontis » (« source »), ce terme est employé en provençal pour désigner une source naturelle ou une fontaine. En toponymie, c’est dans son 1er sens qu’il faut le comprendre. On notera que les « fonts » sont la plupart du temps caractérisées par un adjectif ou par le nom d’une personne qui l’a découverte ou qui la possède. Les adjectifs ont souvent une forme provençale, qui peut alterner avec une forme francisée ou française.
    Dérivés : Fount, Fouant, Fouent
    Quelques exemples : la Font d’Avaou [83], Font de Sicard [83], Font de Mai [13] Font Chaude [84], Fouent Crema [04] ou les communes de Fontvieille [13] et Fontan [06]
  11. Jas : Le mot provençal « jas » désigne le gîte de certains animaux sauvages (lièvre, sanglier) ou domestiques (chèvres, moutons). Par extension, il désigne également la « litière », le « lit » et l’abri rudimentaire du berger gardant ses brebis dans les collines et les montagnes. C’est dans ce dernier sens qu’il est employé dans les noms de lieux.
    Quelques exemples : le Jas Neuf [plusieurs départements, le Jas de Bouffan [13], le Jas de Hugou [83], Jas de Jordan [04], Jas de Perrache [84]
  12. Mourre : En provençal, « lou mourre » c’est le « museau » et c’est aussi le visage d’une personne. On a l’expression « Faire lou mourre » pour dire « faire la gueule ». En toponymie, cela désigne « un rocher arrondi en forme de museau ».
    Dérivés : Mourres
    Quelques exemples : le Mourre dey Masquo [84], col du Mourre Gros [04], Mourre du Boeuf [13], Ubac du Mourre [83]
  13. Plan : Dans notre langue, « lou plan » tire de ses origines latines le sens direct de « étendue plate », voire « plateau ».
    Dérivés : Plane, planes, Planette, Planasses
    Quelques exemples : Plan de Canjuers [83], Plan Chavonnet [04], le Plan des Pennes [13] ou les communes de Plan de Cuques [13] ou Plan de la Tour [83]
  14. Redon : L’adjectif provençal « redoun » (féminin redouno) signifie « rond, circulaire, arrondi ». Il vient du latin « rotundus » de même sens, comme le français « rond ». Dans la toponymie, il est surtout employé pour qualifier une caractéristique du relief de forme arrondie.
    Dérivés : Redons, Redone, Redonne, Redonnes
    Quelques exemples : les Roches Redonnes [83], Prat Redon, Plan Redon, Montredon [13], Pié Redon [84]
  15. Vallat : Au départ, le mot provençal « valat » signifie « fossé ». C’est un dérivé de « vau », qui veut dire « vallée ». Mais son sens a évolué du contenant au contenu, et c’est à peu près uniquement au sens de « torrent en creux » qu’on l’emploie en toponymie usuelle. L’évolution du sens s’explique par le climat provençal, et notamment le rythme des pluies méditerranéennes. Celles-ci, brèves en durée mais intenses en quantité d’eau, provoquent des ruissellements violents que les fossés, naturels ou creusés par l’homme, tentent de canaliser vers les grands cours d’eau et vers la mer. Tout « vallat » s’emplit alors d’eau drainée. Mais, du coup, les eaux des « vallats » sont souvent intermittentes, sauf les « gros vallats », dont le nom indique qu’ils ne sont jamais à sec, ou presque.
    Dérivés : Valat
    Quelques exemples : le Valat du Loup [84] le Gros Vallat [83], la Tour du Vallat [13]
Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :   Comment puis-je vous aider à mieux parler provençal?

J’espère que cet article vous a plu!
Pour l’écrire, j’ai eu 2 sources :
– le n°28 de « Lou Terraire »
– le « Petit dictionnaire des lieux-dits en Provence » de Philippe Blanchet (que je remercie vivement!)

à bèn lèu et apprenez le provençal ! 😉

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