La Coupo « Santo »
Adessias en tóutei ! Aujourd’hui, je vais vous parler d’un objet particulier mais également de la chanson qui a été écrite en son honneur. Je veux parler bien sûr de la fameuse « Coupo Santo », chère aux coeurs des Provençaux en général et des Félibres en particulier. Et je dois tout de suite éclaircir un point important : même s’il est d’usage de l’appeler « coupo santo », en référence au 1ers mots du refrain, son vrai nom est la « Coupo » tout simplement. Ceci étant dit, nous pouvons désormais partir à sa découverte ! 🙂
L’histoire
En 1867, le 30 juillet plus précisément, lors d’un banquet à Avignon, les félibres catalans offrent cette coupe en argent à leurs homologues provençaux pour les remercier de l’accueil qu’ils ont réservé au poète catalan Victor Balaguer, exilé politique dans notre région, en raison de son opposition au gouvernement d’Isabelle II d’Espagne.
La coupe est depuis ce jour la propriété du Félibrige et son « capoulié » en est le dépositaire. Une fois par an, elle est présentée lors du banquet de la « Santo-Estello » (c-à-d le congrès annuel du Félibrige).
Descriptif
Oeuvre du sculpteur Louis Guillaume Fulconis et de l’argentier Jarry, Frédéric Mistral la décrit comme suit :
– « Es uno conco de formo antico, supourtado pèr un paumié. I’a contro lou paumié, drecho e se regardant, dos gènti figurino que represènton coume sorre la Catalougno e la Prouvènço. »
– « C’est une coupe de forme antique, posée sur un palmier. De chaque côté de ce palmier, se trouvent debout et se regardant deux jolies figurines qui représentent, telles des sœurs, la Catalogne et la Provence »
On peut y lire plusieurs inscriptions :
– « Record ofert per patricis catalans als felibres provenzals per la hospitalitat donada al poeta catala Víctor Balaguer, 1867.« Ce qui veut dire en français : « Souvenir offert par des patriciens catalans aux félibres provençaux, pour leur hospitalité donnée au poète catalan Victor Balaguer, 1867 ».
– « Morta diuhen qu’es, Mes jo la crech viva.« (Balaguer) « On dit qu’elle est morte, mais moi je la crois vive »
– « Ah ! se me sabien entèndre ! Ah ! se me voulien segui !« (Mistral) « Ah ! si l’on savait m’entendre ! Ah ! si l’on voulait me suivre ! »
La coupe a les mesures suivantes :
- Hauteur totale : 16,5 cm
- Diamètre de la vasque 13,9 cm
- Diamètre du socle 10,2 cm
- Hauteur des deux personnages 7,9 cm
- Largeur des deux personnages de face 4,6 cm
- Largeur des deux personnages de profil 2,1 cm
- Hauteur du palmier 9,5 cm
- Hauteur du petit socle piédestal 1,4 cm
- Poids de la coupe 571 g
- Contenance 28 cl
La Chanson
Pour commémorer cet évènement, Frédéric Mistral écrivit « la cansoun de la Coupo », sur un air d’un Noël du frère Sérapion. Traditionnellement, la chanson est chantée dans son intégralité au Banquet de La Coupe, lors de chaque « Santo-Estello » et l’on n’applaudit pas à la fin.
En commentaire de cet article, le Capoulié Jacques MOUTTET a pris la peine de répondre pour nous dire les pratiques et usages liées à l’interprétation de cette chanson. Voici ce qu’il nous dit :
« À compter du 30 juillet 2017, jour du cent-cinquantième anniversaire de la remise de la Coupo et de la première interprétation de la Cansoun de la Coupo, au regard des faits originels, de l’évolution et des pratiques actuellement constatées :
– le Félibrige préconise de se lever dès le premier couplet de la Cansoun de la Coupo et suggère de ne pas blâmer les personnes qui, dans l’enthousiasme, seraient tentées d’applaudir.
– Le Félibrige invite les hommes à se découvrir la tête dès les premières notes.
– Le Félibrige précise que le dernier couplet chanté (le septième) s’interprète toujours un peu plus lentement et solennellement.
– Le Félibrige recommande toutefois de nuancer entre actes festifs et enthousiastes et actes commémoratifs et solennels. Le silence devra être respecté en des lieux et circonstances particuliers.
Recommandations :
– Lorsque la Cansoun de la Coupo est interprétée partiellement pour ponctuer un événement ou une cérémonie, le Félibrige préconise que soient chantés les couplets un, deux, quatre et sept.
– Lorsque la Cansoun de la Coupo est interprétée au cours d’un récital ou d’un concert, elle est considérée comme partie intégrante du spectacle. Libre aux auditeurs de réagir comme ils l’entendent.
– Le titre donné au chant par Frédéric Mistral étant « La Coupo » ou Cansoun de la Coupo, il est conseillé, recommandé d’employer cette dénomination et d’éviter l’appellation de « coupo santo ».
– Cet exposé relatif à la décision du Consistoire du Félibrige du 26 novembre 2016 à Lavercantière (Lot), fut approuvée par le Conseil Général du Félibrige du 5 juin 2017 réuni lors du congrès du Félibrige dit La Santo-Estello à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).
Le Capoulié du Félibrige
Jacques MOUTTET
14ème successeur de Frédéric Mistral à la tête du Félibrige »
Vous voilà donc au courant des us et pratiques à respecter pendant que vous chanterez ou écouterez « La Coupo » !
Je vous mets ici les paroles en provençal et français et enfin une vidéo au stade Mayol, car sachez qu’avant chaque match du RCT, le public chante « la Coupo ». Ici, les chanteurs ont choisi de chanter les 2 1ers et les 2 derniers couplets! (Tiens, et si les supporters de l’OM faisaient pareil avant chaque match!)
Provençal | Français |
Prouvençau, veici la Coupo Que nous vèn di Catalan A-de-rèng beguen en troupo Lou vin pur de noste plan refrin : Coupo Santo E versanto Vuejo à plen bord, Vuejo abord Lis estrambord E l’enavans di fort ! D’un vièi pople fièr e libre Sian bessai la finicioun ; E, se toumbon li felibre, Toumbara nosto nacioun refrin D’uno raço que regreio Sian bessai li proumié gréu ; Sian bessai de la patrìo Li cepoun emai li priéu. refrin Vuejo-nous lis esperanço E li raive dóu jouvènt, Dóu passat la remembranço, E la fe dins l’an que vèn, refrin Vuejo-nous la couneissènço Dóu Verai emai dóu Bèu, E lis àuti jouïssènço Que se trufon dóu toumbèu refrin Vuejo-nous la Pouësìo Pèr canta tout ço que viéu, Car es elo l’ambrousìo, Que tremudo l’ome en Diéu refrin Pèr la glòri dóu terraire Vautre enfin que sias counsènt. Catalan, de liuen, o fraire, Coumunien tóutis ensèn ! refrin | Provençaux, voici la coupe Qui nous vient des Catalans. Tour à tour buvons ensemble Le vin pur de notre cru. refrain : Coupe sainte Et débordante Verse à pleins bords, Verse à flots Les enthousiasmes Et l’énergie des forts ! D’un ancien peuple fier et libre Nous sommes peut-être la fin ; Et, si tombent les félibres, Tombera notre nation. refrain D’une race qui regerme Peut-être sommes-nous les premiers jets ; De la patrie, peut-être, nous sommes Les piliers et les chefs. refrain Verse nous les espérances Et les rêves de la jeunesse, Le souvenir du passé Et la foi dans l’an qui vient. refrain Verse-nous la connaissance Du Vrai comme du Beau, Et les hautes jouissances Qui se rient de la tombe. refrain Verse-nous la Poésie Pour chanter tout ce qui vit, Car c’est elle l’ambroisie Qui transforme l’homme en Dieu. refrain Pour la gloire du pays Vous enfin qui êtes consentants nos alliés, Catalans, de loin, oh frères, Tous ensemble communions ! refrain |
J’espère que cet article vous a plu! N’hésitez pas à le commenter pour dire ce que vous en pensez!
A bèn lèu et apprenez le provençal ! 🙂
Salut, un article très intéressant 😁, en tout cas merci de nous présenter cette coupe et ce qu’elle représente 🙂.
Merci pour ce partage, belle semaine à toi.
Je te remercie pour ces explications de la « coupo santo » que je ne connaissais pas alors que je connaissais la chanson. Un plaisir de découverte et des frissons à l’écoute de la chanson à chaque fois, merci 🙂
Gramaci Frédéric, pour toutes ces explications sur ce magnifique chant. C’est un plaisir de vous suivre et de réapprendre la langue provençale, j’ai l’impression de me retrouver avec mes grands-parents.
Au revèire e à ben lèu
Merci Frederic pour ton article.
Tellement d’émotion à l’écoute de La Coupo.
Et merci pour la vidéo!
Excellent article. Plein d’humanité et foi dans l’amitié et dans la capacité des hommes à se comprendre. Et quelle rencontre bénie de tant d’artistes ! Merci.
À compter du 30 juillet 2017, jour du cent-cinquantième anniversaire de la remise de la Coupo et de la première interprétation de la Cansoun de la Coupo, au regard des faits originels, de l’évolution et des pratiques actuellement constatées :
– le Félibrige préconise de se lever dès le premier couplet de la Cansoun de la Coupo et suggère de ne pas blâmer les personnes qui, dans l’enthousiasme, seraient tentées d’applaudir.
– Le Félibrige invite les hommes à se découvrir la tête dès les premières notes.
– Le Félibrige précise que le dernier couplet chanté (le septième) s’interprète toujours un peu plus lentement et solennellement.
– Le Félibrige recommande toutefois de nuancer entre actes festifs et enthousiastes et actes commémoratifs et solennels. Le silence devra être respecté en des lieux et circonstances particuliers.
Recommandations :
– Lorsque la Cansoun de la Coupo est interprétée partiellement pour ponctuer un événement ou une cérémonie, le Félibrige préconise que soient chantés les couplets un, deux, quatre et sept.
– Lorsque la Cansoun de la Coupo est interprétée au cours d’un récital ou d’un concert, elle est considérée comme partie intégrante du spectacle. Libre aux auditeurs de réagir comme ils l’entendent.
– Le titre donné au chant par Frédéric Mistral étant « La Coupo » ou Cansoun de la Coupo, il est conseillé, recommandé d’employer cette dénomination et d’éviter l’appellation de « coupo santo ».
– Cet exposé relatif à la décision du Consistoire du Félibrige du 26 novembre 2016 à Lavercantière (Lot), fut approuvée par le Conseil Général du Félibrige du 5 juin 2017 réuni lors du congrès du Félibrige dit La Santo-Estello à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).
Le Capoulié du Félibrige
Jacques MOUTTET
14ème successeur de Frédéric Mistral à la tête du Félibrige
Gramaci forço d’agué castiga quàuquis entrèvo. Vous mande mi sentimen courau en Santo-Estello.
Le chant de la vidéo m’a ému ! Merci