4 chansons de Noël en provençal
Adessias en tóutei!!
D’habitude, quand je vous fais écouter de la musique dans mes articles, c’est pour vous faire découvrir de nouveaux groupes et de nouvelles chansons. Un exemple avec cette 3ème playlist provençale et occitane ! Ici, tout en conservant cette volonté de vous montrer de nouveaux chanteurs, j’ai rajouté comme fil conducteur le thème de Noël, période tellement riche en traditions et coutumes. De manière générale, à l’écoute de ces chansons, il y a une certaine allégresse et une ferveur populaire qui s’en dégage. Je vous laisse rentrer dans cet univers musical particulier et vous souhaite une bonne écoute! 😉
1 – TruthFields Friends – La cambo me fai mau
On démarre avec sûrement un des chants de Noël en provençal les + connus: « La cambo me fai mau » écrit par Nicolas Saboly (1614 Monteux – 1675 Avignon), publié en 1668 et qu’on peut écouter souvent dans les pastorales de Provence.
Français | Prouvençau |
Il y a beaucoup de gens Qui vont en pèlerinage; Il y a beaucoup de gens Qui vont à Bethléem. Je veux y aller, J’ai quasiment assez de courage ; Je veux y aller, Si je peux cheminer. La jambe me fait mal, Boute selle, boute selle ; La jambe me fait mal, Boute selle à mon cheval. Tous les bergers Qui étaient sur la montagne, Tous les bergers Ont vu un messager Qui leur a crié : « Mettez-vous en campagne ! » Qui leur a crié : « Le fils de Dieu est né ! » En ce temps-là Les fièvres ne sont pas saines, En ce temps-là Les fièvres ne valent rien. J’ai enduré Une fièvre quarte, J’ai enduré Sans me rancir. Un gros berger Qui fait la chattemite, Un gros berger S’en va au petit pas. Il s’est retourné Au bruit de ma parole, Il s’est retourné, Je lui ai dit de m’attendre. Ce palot Déchausse ses savates, Ce palot S’en va au grand galop. Mais, si une fois je l’attrape, Je lui donnerai des démangeaisons ; Mais, si une fois je l’attrape, Je le tapoterai. J’ai un roussin Qui vole sur la terre ; J’ai un roussin Qui avale le chemin ! Je l’ai acheté À (quelqu’) un qui vient de la guerre; Je l’ai acheté Cinq écus de liard. Quand j’aurai vu Le fils de Dieu le père, Quand j’aurai vu Le roi du paradis Et quand j’aurai Félicité sa mère Et quand j’aurai Fait tout ce que je devrai, Je n’aurai plus guère de mal, Boute selle, boute selle, Je n’aurai plus guère de mal, Boute selle à mon cheval. | Li a proun de gènt Que van en roumavage ; Li a proun de gènt Que van en Betelèn. Li vole ana, Ai quàsi proun courage ; Li vole ana, Se pode camina. La cambo me fai mau, Bouto sello, bouto sello ; La cambo me fai mau, Bouto sello à moun chivau. Tous lei bergié Qu’èron sus la mountagno, Tous lei bergié An vist un messagié Que li a crida : « Metès-vous en campagno ! » Que li a crida : « Lou Fiéu de Dieu es na ! » En aquest tèms Lei fèbre soun pas sano, En aquest tèms Lei fèbre valon rèn. Ai endura Uno fèbre quartano, Ai endura Sènso me rancura. Un gros pastras Que fai la catamiaulo, Un gros pastras S’en vai au pichot pas. S’èi revira Au brut de ma paraulo ; S’èi revira, Li ai di de m’espéra. Aquéu palot Descausso sei sabato, Aquéu palot S’en vai au grand galop. Mai, se’n cop l’ai, Li dounarai la grato, Mai, se’n cop l’ai, Iéu lou tapoutarai. Ai un roussin Que volo dessus terro ; Ai un roussin Que manjo lou camin ! L’ai acheta D’un que vèn de la guerro ; L’ai acheta Cinq escut de pata. Quand aurai vist Lou Fiéu de Diéu lou Paire, Quand aurai vist Lou Rèi de Paradis E quand aurai Felicita sa maire, E quand aurai Fa tout ce que déurai N’aurai plus ges de mau, Bouto sello, bouto sello, N’aurai plus gis de mau, Bouto sello à moun chivau |
2 – Castel et Casti – La marcho di Rèi
Autre air qui vous est sûrement familier, voici « La marcho di Rèi » composé par le Père Joseph Domergue, curé doyen d’Aramon de 1691 à 1728, mort à Avignon en 1729.
Cette chanson a été publiée pour la première fois en 1763 dans un recueil de noëls provençaux de Saboly.
La musique empruntée à la « Marche de Turenne », est attribuée à Lulli.
Français | Prouvençau |
De [bon] matin, j’ai rencontré le train De trois grands rois qui allaient en voyage; De [bon] matin, j’ai rencontré le train De trois grands rois dessus le grand chemin. J’ai vu d’abord des gardes du corps, Des gens armés avec une troupe de pages; J’ai vu d’abord des gardes du corps, Tout dorés dessus les justaucorps. Les drapeaux, qui étaient sûrement fort beaux, Leur éventoir servait de badinage; Les chameaux, qui étaient certainement très beaux, Portaient des bijoux tout nouveaux. Et les tambours, pour faire honneur, De temps en temps faisaient bruire leur tapage; Et les tambours, pour faire honneur, Battaient la marche chacun à son tour. Dans un char doré de toutes parts, On voyait les rois [mages] modestes comme des anges ; Dans un char doré de toutes parts, On voyait briller des riches étendards. On entendait des hautbois, De belles voix qui, de mon Dieu, publiaient les louanges ; On entendait des hautbois, De belles voix qui disaient des airs d’un admirable choix. Ébahi d’entendre cela d’ici, Je me suis rangé pour voir l’équipage ; Ébahi d’entendre cela d’ici, De loin en loin je les ai toujours suivis. L’astre brillant qui était devant Servait de guide et menait les trois mages ; L’astre brillant qui était devant S’arrêta net quand il fut vers l’Enfant. Ils entrent ensuite pour adorer leur roi, À deux genoux ils commencent leur prière ; Ils entrent ensuite pour adorer leur roi Et reconnaître sa divine loi. Gaspard d’abord présente l’or Et dit : « Mon Dieu, vous êtes le seul roi de gloire. » Gaspard d’abord présente l’or Et dit partout qu’Il vient chasser la Mort. Pour présent Melchior offre l’encens En lui disant : « Vous êtes le Dieu des armées. » Pour présent Melchior offre l’encens, Disant : « Vous êtes roi et vous êtes Dieu tout ensemble. » La pauvreté, l’humilité, De votre amour en sont la preuve assurée ; La pauvreté, l’humilité N’empêchent pas votre divinité. Quant à moi, j’en pleure, mon bon Dieu ! En sanglotant, je vous présente la myrrhe; Quant à moi, j’en pleure, mon bon Dieu ! D’y songer, je suis plus mort que vif; Un jour, pour nous, sur une croix, Comme mortel, vous finirez notre misère; Un jour, pour nous, sur une croix, Vous devez mourir pour le salut de tous. Aujourd’hui Il est adoré par les Rois Et baptisé des mains de Jean-Baptiste; Aujourd’hui Il est adoré par les Rois, Tout l’univers se soumet à sa loi. Dans un festin, Il change l’eau en vin : Ce miracle est sûrement bien nécessaire; Dans un festin, Il change l’eau en vin: Il nous manifeste son pouvoir divin. | De matin, ai rescountra lou trin De tres grand rèi qu’anavon en vouiage; De matin, ai rescountra lou trin De tres grand rèi dessus lou grand camin: Ai vist d’abord de gardo-corp, De gènt arma em’uno troupo de page; Ai vist d’abord de gardo-cors, Touti daura dessus si justo-corp. Li drapèu, qu’èron segur fort bèu, I ventoulet servien de badinage; Li camèu qu’èron segur fort bèu, Pourtavon de bijou touti nouvèu; E li tambour, pèr faire ounour, De tèms en tèms fasien brusi soun tapage; E li tambour, pèr faire ounour, Batien la marcho chascun à soun tour. Dins un char, daura de touto part, Vesias li Rèi moudèste coume d’ange; Dins un char, daura de touto part, Vesias bria de riche-z-estendard; Ausias d’auboues, De bèlli voues que de moun Dièu publiavon li louange ; Ausias d’auboues, De bèlli voues que disien d’èr d’un amirable choues. Esbahi d’ entèndre acò d’aqui, Me siéu renja pèr vèire l’equipage ; Esbahi de vèire acò d’aqui, De Iiuen en liuen lis ai toujour segui ; L’astre brihant qu’èro davan, Servié de guide en menant li tres Rèi Mage ; L’astre brihant qu’èro davan, S’arrestè net quand fuguè vers l’Enfant. Intron pièi pèr adoura soun Rèi, A dous geinoua coumençon sa preièro ; Intron pièi pèr adoura soun Rèi, E recounèisse sa divino lèi. Gaspard, d’abord, presento l’or, E dis : Moun Diéu, sias lou soulet Rèi de gIòri ; Gaspard, d’abord, presento l’or, E dis pertout que vèn cassa la Mort. Pèr presènt Melquior óufre l’encèn, En ié disènt : sias lou Diéu dis armado ; Pèr presènt Melquior óufre l’encèn, Disènt : sias Rèi, e sias Diéu tout ensèn ; La paureta, l’umelita, De voste amour soun li provo assegurado ; La paureta, l’umelita, N’empachon pas vosto divinita. Quant à iéu, n’en ploure, moun bon Diéu! En sengloutant vous presènte la mirro ; Quant à iéu, n’en ploure, moun bon Diéu! De ié sounja siéu pulèu mort que viéu! Un jour, per nous, sus uno crous, Coume mourtau, fenirés nòsti misèri ; Un jour, pèr nous, sus uno crous, Devès mouri pèr lou salut de tous! Au-jour-d’uei es adoura di Rèi, E bateja di man de Jan-Batiste; Au-jour-d’uei es adoura di Rèi, Tout l’univers se soumet à sa lèi. Dins un festin, rènd l’aigo en vin : Aquéu miracle es segur bèn de requisto: Dins un festin, rènd l’aigo en vin: Nous manifèsto soun poudé divin. |
3 – Les chanteurs de la Montagnette – Cantèn Nouvè
Voici un autre air composé par Nicolas Saboly et interprété en canon. Si vous avez l’impression que ce nom revient souvent, c’est normal. Saboly a composé de nombreux chants de Noël en « lengo nostro » qui forment un des monuments de la poésie en langue d’Oc et qui ont régulièrement été réédités jusqu’à nos jours.
Français | Prouvençau |
Pour ne pas s’ennuyer le long du chemin Nous racontons quelques sornettes Sur le fifre et le tambourin Nous disons la chansonnette Refrain Nous chantons Noël, Noël, Noël Noël sur la musette Nous chantons Noël, Noël, Noël Noël sur la musette Le temps ne nous a pas semblé long Voyez ici la petite grange le tout premier qui rentrera Qu’il lève la barre Mon Dieu ! le bel Enfant ! Comme il prend le sein ! Je suis d’avis qu’il est mort de faim : Regardez comme il tête ! J’ai des oeufs, de la farine et du lait, Avec un petit poêlon ; Si j’avais du feu je lui aurais vite fait Une bonne petite soupe. Le petit est plus mort que vif ; Joseph grelotte de froid : Donnez-moi vite le fusil, La sinse et les allumettes. L’enfant est froid comme la glace : Faites-moi passer la chaufferette ; Tenez, chauffez-lui son berceau, Commère Guillaumette. Cette crèche s’écroule, Couchez cette petite ânesse. Venez qu’on attache le boeuf : Prêtez-moi vos liens. Bonne Vierge, Mère de Dieu, Belle et jeune brunette, Nous autres nous allons vous dire adieu, Nous ne vous laissons pas toute seule ! | Pèr noun langui long dóu camin Counten quauco sourneto Sus lou fifre e lou tambourin Disèn la cansouneto Refrin Cantèn Nouvè, Nouvè, Nouvè, Nouvè sus la museto Cantèn Nouvè, Nouvè, Nouvè, Nouvè sus la museto. Lou tèms nous a gaire dura Vès eici la grangeto Lou bèu proumié que rintrara Que lève la barreto Helas ! moun Diéu ! lou bel Enfant ! Coume pren la pousseto! Dirias avis que mor de fam : Regardas coume teto ! Ai d’iòu de farino e de la Emai uno casseto; S’avièu de fiò li aurièu lèu fa Uno bono poupeto. Lou pichot es mai mort que viéu ; Jóusè fai lei tacheto : Dounas-me vite lou fusiéu, La sinso e lei brouqueto. L’enfant es fre coume de glas : Pourgès-me l’escaufeto ; Tenès, cauffas-li soun pedas, Coumaire Guihaumeto. Aquesto crùpi vai au sòu, Coucha ‘quelo saumeto. Venès qu’estacaren lou biòu : Prestas-me vòstei veto. Bono Vierge, Maire de Dièu, Bello e jouino bruneto, Nàutrei vous anen dire adiéu, Vous leissen pas souleto ! |
4 – Jean-Bernard Plantevin – Pastre, Pastresso
Et pour finir, un des + prolifiques chanteurs provençaux qui s’attaque aux chansons traditionnelles calendales, cela donne une version + moderne et dynamique très agréable à écouter!
Français | Prouvençau |
Bergers, bergères, Courez, venez tous, peuchère ! (bis) Votre maîtresse A besoin de vous, peuchère! (bis) A la bourgade, Près de Bethléem, peuchère! (bis) Elle a accouché Sur un peu de foin, peuchère! (bis) Dans une étable, Toute abandonnée, peuchère! (bis) L’enfant aimable Ce matin est né, peuchère! (bis) Ce bien bel ange, Au cœur de l’hiver, peuchère! (bis) Faute de langes Est tout découvert, peuchère! (bis) La Vierge Mère L’admire toute émue, peuchère! (bis) Ne sait que faire, Quand elle le voit tout nu, peuchère! (bis) Le petit pleure, Il vous ferait pitié, peuchère! (bis) Il y a plus d’une heure Qu’il n’a pas tété, peuchère! (bis) Nos bergères Agitent leurs mains, peuchère! (bis) Elles caressent Ce petit enfant, peuchère! (bis) On cherche de la paille Tout autour du lieu, peuchère! (bis) Et des broussailles Pour faire du feu, peuchère! (bis) Une le change, L’autre le soutient, peuchère! (bis) Un peu d’aide Fait toujours grand bien, peuchère! (bis) | Pastre, pastresso, Courrès, venès tous, pecaire! (bis) Vostro mestresso A besoun de vous, pecaire! (bis) A la bourgado, Près de Betelèn, pecaire! (bis)* S’es acouchado Sus un pau de fen, pecaire! (bis) Dins un estable, Tout arrouïna, pecaire! (bis) L’enfant amable De matin es na, pecaire! (bis) Aquéu bèl ange, Au gros de l’iver, pecaire! (bis) Fauto de lange Es tout descubert, pecaire! (bis) La Vierge Maire Countèmplo soun fru, pecaire! (bis) Saup pas que faire, Quand lou vèi tout nud, pecaire! (bis) Lou pichot plouro, Vous farié pieta, pecaire! (bis) Li a mai d’uno ouro Que noun a teta, pecaire! (bis) Nòstei pastresso Boulegon lei man, pecaire! (bis) E fan caresso À-n-aquel enfant, pecaire! (bis) Cercon de paio À l’entour dóu liò, pecaire! (bis) E de buscaio Pèr faire de fiò, pecaire! (bis) Uno lou mudo, L’autro lou soustèn, pecaire! (bis) Un pau d’ajudo Fa toujour grand bèn, pecaire! (bis) |
Voilà la fin de ce tour d’horizon musical. J’espère que cela vous a plu et vous a donné envie, pourquoi pas, d’aller écouter ces chansons « en live » dans les pastorales jouées dans les différentes villes et villages provençaux.
Je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année pour vous et vos proches! 😉
à bèn lèu et apprenez le provençal!
Incroyable ! Quelqu’un qui promeut le provençal ! Mais c’est génial.
Je crois vraiment que notre payas s’enrichit en prenant en compte les spécificité de la population de ses territoires. Je suis donc ravi que tu promeuves ce patois. Vraiment bravo !
Ah génial ! J’adore découvrir des nouvelles musiques traditionnelles. En plus, avec les paroles et la traduction. Merci pour ce partage 🙂
Cet article est génial et super original ! Avec les traductions, plus de raison de ne pas en écouter quelques unes en famille durant l’avent ! Merci pour ces jolies découvertes !
Je découvre ton blog via cet article ! Je suis super contente d’en apprendre plus sur le provençal car j’habite à La Ciotat depuis 1 an et demi, mais je viens de Lille à la base.
Ces chansons sont vraiment belles et émouvantes. 😊
La chanson « La cambo me fai mau » me rappelle de bons souvenirs d’enfance : l’instituteur nous l’avait apprise à l’école primaire française en Allemagne (années 80 !)
Canten Nouvé a quel m’agrade merveillouse musique mon préféré,