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La tradition du Carnaval

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Adessias en tóutei!! Aujourd’hui, pas de liste de vocabulaire à apprendre! 😉
J’ai plutôt envie de vous parler d’une tradition importante dans notre région : le Carnaval. Nous verrons tout d’abord ses origines, puis la manière de le fêter traditionnellement en Provence et enfin la chanson « Adiéu paure carnavau »

Les origines du Carnaval

Il est difficile de trouver une origine précise à ce moment festif. Néanmoins, on retrouve dans l’Antiquité, de nombreuses fêtes qui se déroulaient à peu près à la même période de l’année et dont la symbolique est identique au carnaval contemporain, notamment :
Les « Sacées » dans l’ancienne Babylone (à partir du IIème s. av J.C), qui étaient des fêtes données en l’honneur de la déesse Anaïtis, avec inversion des rôles entre les esclaves et leurs maîtres.
Les « Dyonisies » dans la Grèce antique, qui célébraient le dieu Dionysos (dieu de la vigne, du vin… et de ses excès) avec des processions très animées, des chanteurs et des danseurs (mais aussi du théâtre et des joutes oratoires).
les « Lupercales », fêtes de purification de la Rome antique, célébrées du 13 au 15 février, en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux.
– et également les « Saturnales », toujours dans la Rome antique, semaine de festivités très populaires en l’honneur du dieu Saturne pendant lesquelles les barrières sociales disparaissaient, des repas étaient organisés, des cadeaux étaient échangés et les maisons décorées.

Plus tard, au Moyen-Âge, on retrouve des survivances de ces fêtes antiques dans diverses régions de France avec toujours cette inversion des rôles de la société de l’époque notamment :
– la « fête des fous »
– la «fête des ânes »
– la fête de « l’enfant-évêque » ou la fête des « Innocents »
– la fête des « Diacres-souls »

l’Eglise, se rendant compte que dans la plupart de ces fêtes, les religieux étaient raillés, ne les voyaient pas d’un bon oeil. Et même si elle déplorait tous les excès et débordements qui en découlaient, elle ne pouvait s’y opposer.

Toutefois, à partir du concile de Trente (22 mai 1542 – 4 décembre 1563), « dans  sa volonté de s’imposer comme seule religion en Europe, elle parvint, en christianisant le calendrier, à sacraliser la période de Noël grâce à la réforme de son clergé, à repousser les fêtes de fin d’année à plus tard et à rebaptiser les fêtes païennes « Carne Levare Leamen » (littéralement « enlever la chair ») qui se transforma peu à peu en « Carnevale » en Italie et devint en France « Carnaval ».
Depuis, les fêtes du carnaval commencent donc le jour de l’Epiphanie (jour des Rois) et prennent fin le « Mardi Gras » veille du mercredi des cendres, dernier jour avant le Carême qui dure 40 jours jusqu’à Pâques, période durant laquelle les catholiques ne doivent pas consommer de viande ni de gras. »
(extrait de http://geneavaunage.e-monsite.com)

Le carnaval en Provence

Même si de nos jours, dans notre région, le sens du Carnaval s’est perdu et qu’il ressemble simplement à un défilé de gens déguisés (et pourquoi pas hein!), on retrouve en général 2 choses :

1) des musiques et danses folkloriques spécifiques à ces festivités comme :
« lei fieloua »
– la danse des « Folies d’Espagne »
– les « Cocos »
« lei Chivau-frus »
« l’Arlequine »
– et la « danso dei boufet » dont voici une explication et une description de Patrick Rougeot
« L’homme a toujours essayé par des représentations d’objets ou d’animaux, des gestes spécifiques, de chasser les mauvais esprits qui pourraient entraver l’acte de régénération et d’encourager les divinités propices du sol dont sa vie dépend.

C’est ainsi que les figures précises de la danse, telle que spirale, enroulement, encerclement, dédoublement, renversement, ainsi que l’instrument employé par les “boufetaires” : le soufflet, le costume blanc des jeunes gens et les grelots qui s’agitent à leurs chevilles, sont autant de symboles. On sait aussi que les sauts en cadence sur un pied sont des appels pressants à la végétation, que les vêtements blancs, les grelots, mettent en fuite les mauvais esprits.

La danse des « Boufets » est donc bien un rite de fertilité comparable aux Olivettes et au  Bakubèr dans laquelle le soufflet a pour mission d’insuffler des forces nouvelles à la Nature endormie. D’ailleurs, le caractère des paroles prononcées, le fait que les sorciers utilisaient le soufflet pour chasser les mauvais esprits, attestent le sens rituel des « boufets », destinés à agir sur la Nature et sur les astres pour promouvoir la fertilité.

La danse

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Les danseurs arrivent tantôt à “péd cauquet”, en boitant en file, soufflant tantôt au postérieur de leur camarade tantôt sous les robes des filles qui assistent à la cérémonie, chantent quelques couplets aux carrefours, sur les places, où devant la maison d’une personnalité locale, puis repartent bien fièrement le corps bien droit, le soufflet sous le bras pour recommencer un peu plus loin leur folle sarabande, accompagnés  au son des galoubets et tambourins ou fifres et tambours et sans oublier l’œil moqueur d’une lune de papier, symbole des cycles de la Nature.

Il est d’usage d’offrir aux “boufetaires” des ganses, bugnes, friandises, du vin du pays, ce qui explique leur allure moins fière en fin de soirée .. (l’extrait entier est ici)

Je vous mets ci-dessous le refrain de la chanson qui va avec la danse

ProuvençauFrançais
Sian uno bando de bravo jouventuro
Avèn un grand fue que nous brulo.
Se sian imagina pèr se lou fa passa
De prendre dei boufet au cuou se fa boufa
Nous sommes une bande de braves jeunes
Nous avons un grand feu qui nous brûle.
Nous avons imaginé pour le faire passer,
De prendre des soufflets et de se souffler au cul

2) le personnage de « Caramentran »

A l’origine, le mot « Caramentran » (ou « Carême-entrant » en français) désignait les 3 jours « gras » (dimanche, lundi et mardi) qui précédaient le mercredi des Cendres avant l’entrée en carême. De nos jours, il désigne le personnage qu’on transporte dans les rues avant son procès puis son exécution.
Selon les endroits et les coutumes locales, sa forme et son nom différent. Vous trouverez par exemple « Caramantran », « Carementrant », « Carnavas » ou « Palhassou ».
Pendant son procès, on le traite de « maufatan », de « pistachié », « raubo-galino », il est accusé de tous les maux, on se décharge sur lui de tous nos problèmes; mauvaise récolte, gel, sécheresse, mais aussi séparation, fermeture d’une classe, défaite à la pétanque 😉 (bref, tout ce que vous avez sur le coeur!) puis il est irrémédiablement brûlé.

On-Brule-Carnaval
On brûle « Caramentran » à Ramatuelle (Var)


Sa crémation symbolise la fin d’un cycle et le début d’un autre comme le printemps qui succède à l’hiver par exemple. C’est aussi une manière pour nous qui le regardons brûler de nous « nettoyer l’esprit », de vider notre mental de tout ce qui l’encombre, de nous »alléger » ou de changer notre vision des choses. On peut aussi imaginer que c’est un feu purificateur qui permet de chasser le « mauvais oeil » ou la malchance qui nous poursuit.
Enfin, pendant que « Caramentran » brûle, il, est d’usage de chanter la chanson « Adiéu paure Carnavas »

J’espère que cet article vous a plu, n’hésitez pas à laissez un commentaire pour expliquer comment se déroule le carnaval chez vous!

à bèn lèu et apprenez le provençal! 😉

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